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A la découverte des châteaux de la Loire: histoire, architecture et jardin

A la découverte des châteaux de la Loire: histoire, architecture et jardin

Passionnée des châteaux de la Loire et de la Renaissance, j'ai décidé de vous raconter leur histoire, de vous en faire découvrir les méandres et pourquoi pas de vous donner aussi goût à un art moins connu de cette époque: l'art des jardins... Attachez vos ceintures nous remontons dans le temps :)


"La plus que reine" :Diane de Poitiers

Publié par Diane sur 12 Octobre 2013, 15:12pm

Catégories : #personnalités historiques

Aujourd’hui, préparez votre plus beau costume, nous remontons dans notre machine à remonter le temps à la rencontre de l’un des personnages les plus emblématiques, les plus contestés mais aussi les plus énigmatiques de la Renaissance française je veux bien sûr parler de Diane de Poitiers.

Voici venir celle que l’on nomma « la plus que reine », celle dont la beauté fut chantée presque toute sa vie et que l’on a souvent qualifiée de surnaturelle, tant sa beauté et sa fraîcheur semblait défier le temps. Mais au-delà de cette icône de beauté se cache un personnage plus sombre, femme rusée, volontiers retorse à l’occasion qualifiée de franchement opportuniste, qui était vraiment Diane de Poitiers ?

Née le 9 janvier 1500, Diane est la fille de Jean de Poitiers, vicomte de l’Estoile et seigneur de Saint-Valliers, et de Jeanne de Batarnay. La famille de Diane est une habituée des cercles du pouvoir, son grand-père Aymar de Poitiers avait épousé en première noce, Marie, la fille naturelle de Louis XI et son grand-père Imbert de Batarnay était un ami intime de ce même roi.

Contrairement à ce qui a longtemps été dit, Diane n’est pas originaire du Poitou mais de Provence ; elle serait à Saint-Vallier-de-Provence ou à l’Estoile. Elle hérite de la Baronnie de Sérignan du Comtat de son père Jean de Poitiers.

Orpheline de mère à six ans, Diane fut éduquée par Anne de Beaujeu, fille du roi Louis XI qui plus tard arrangera son mariage (à l’âge de quinze ans) avec le grand sénéchal de Normandie Louis de Brézé, petit-fils de Charles VII et d’Agnès Sorel et son aîné de quarante ans.

Elle lui donnera cependant deux filles : Françoise de Brézé qui épousera Robert IV de La Marck, duc de Bouillon ; et Louise de Brézé , mariée le 1er août 1547 à Claude de Lorraine, devenu en 1550, duc d'Aumale. Il était le frère du duc de Guise et de Marie de Guise, reine d'Écosse.

En 1524, le père de Diane est accusé de complicité dans la trahison du Connétable de Bourbon, gendre d’Anne de Beaujeu. Devenu le principal bouc émissaire de l’affaire, c’est in extremis, qu’il échappe à l’échafaud. Diane est alors dame d’honneur de la reine et une vilaine légende veut qu’elle ait offert sa vertu au roi François Ier contre la vie de son père (ce qu’aucune preuve n’est venue accréditer).

Louis de Brézé meurt le 23 juillet 1531 à Anet. Diane adopte définitivement, pour sa tenue, les couleurs du veuvage qui deviendront son emblème et dont Henri II s’inspirera plus tard pour sa livrée ordinaire (noir et blanc rayée d’or). Son sens aigu des intérêts financiers se manifeste dès ce moment. Elle obtient de se faire verser les gages que son mari recevait au titre de gouverneur de Normandie et de grand-sénéchal, prenant elle-même le titre de « sénéchale de Normandie ». Elle obtient également d’administrer elle-même les biens de ses filles et d’en percevoir les revenus.

Mais Diane n’est pas que la veuve de Louis de Brézé, ni une habile financière c’est aussi « l’amie du prince d’Orléans ». En effet, après la défaite de Pavie (1525), le dauphin François et son cadet Henri, duc d'Orléans (et futur Henri II), sont remis en otage à Charles Quint en échange de leur père. Ils ont respectivement 8 et 7 ans et Diane fait partie du cortège de Louise de Savoie qui accompagne les deux enfants à la frontière. Une légende veut qu’au moment où les petits princes font leurs adieux à leur grand-mère et à ses dames, Diane aurait posé sur le front d'Henri un baiser maternel.

Du fait de la reprise de la guerre, les deux princes sont bientôt soumis à une détention sévère et passent presque quatre années (1526-1530) très isolés, dans l’incertitude quant à leur avenir. Henri se plonge dans la lecture de l’Amadis de Gaule notamment, célèbre roman de chevalerie. De cette expérience, on a pu conclure qu’en Henri II avait fait de Diane de Poitiers, par ailleurs chargée de faire son éducation de cour lorsqu’il revient en France, « la Dame par excellence ». Il a alors 11 ans et elle 31.

Lors du tournoi organisé en 1531 pour le couronnement d’Éléonore de Habsbourg, alors que le dauphin François salue comme il se doit sa nouvelle belle-mère, c’est devant Diane de Poitiers qu’Henri abaisse sa lance. Henri d'Orléans épouse néanmoins Catherine de Médicis en 1533. Choix largement appuyé par Louis de Brézé et Diane de Poitiers quand bien même cette arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique, était considérée comme une « fille de marchands » par les opposants à cette union. Il faut également considérer que Catherine et Diane sont cousines ; puisque le grand-père maternel de Catherine (fille de Madeleine de la Tour d'Auvergne) est le frère de la grand-mère paternelle de Diane. Lorsque les rumeurs de répudiation s’élèvent devant la stérilité prolongée du couple, c’est Diane qui apportera son soutien et ses conseils à Catherine et poussera Henri à multiplier les visites nocturnes à sa femme. Nous ne ferons pourtant pas de Diane une sainte femme, il est probable que Diane se soit sentie moins menacée par une épouse qu’Henri dédaignait que par une obscure jeune princesse dont Henri aurait pu tomber amoureux…

On estime généralement, d’après leur correspondance, que ce serait vers 1538 que Diane de Poitiers serait devenue la maîtresse d’Henri.

L'avènement d'Henri II au trône marque le triomphe de Diane de Poitiers. De toutes les femmes qui sont dans l'entourage du roi, Diane est celle qui est la plus avantagée dans la redistribution des faveurs royales. Le roi lui fait cadeaux des biens qu'Anne de Pisseleu avait obtenus de François Ier : les bijoux de la couronne, un hôtel parisien et enfin beaucoup plus tard, du duché d’Étampes (1553). Diane reçoit également divers cadeaux en terre, dont la propriété royale de Chenonceau (1547) –nous consacrerons ultérieurement un article au rôle de Diane dans l’embellissement de ce fabuleux château- et divers cadeaux en argent, dont le produit de l'impôt sur les charges qui lui procure une somme extraordinaire de 100 000 écus (1553). Elle se voit enfin confirmée dans la propriété de ses terres de Nogent, d'Anet et de Breval.

Pour asseoir sa position à la cour, elle est titrée, en 1548, duchesse de Valentinois (les duchesses ont le privilège d'avoir une place assise dans la chambre de la reine). Sa fille Françoise, duchesse de Bouillon est nommée dame d'honneur de la reine et prend à ce titre les commandes de la maison de Catherine de Médicis. Lors du sacre de la reine en 1549, c'est Françoise qui préside la cérémonie. Diane participe elle-même au cortège des grandes dames, princesses et duchesses qui escortent et assistent la reine durant le sacre.

Contrairement à son père, Henri se monte très secret dans ses relations intimes donc officiellement, rien ne transparaît des relations entre Diane et le roi. Le roi a pourtant pris pour emblème le croissant, symbole de Diane, la déesse grecque de la chasse. Il le fait afficher sur ses portraits, ses bâtiments, dans la pierre, en vitrail, sur les carreaux de céramique pour le revêtement du sol et aussi sur les livrées de ses gardes au palais.

Sur ses relations avec Diane, les contemporains sont partagés. Pour certains, la liaison était simplement platonique. Pour d’autres, Diane aurait été effectivement la maîtresse du roi, puis avec l’âge Diane serait redevenue la confidente et l’amie des débuts.

Pour la reine Catherine de Médicis, il n’y avait aucun doute, Diane était la maîtresse du roi. Pendant vingt ans, Catherine dissimula sa rancœur, acceptant la présence de sa rivale comme dame de compagnie, par amour pour son mari, mais aussi dans la crainte de lui déplaire.

De façon certaine, Diane était la dame d'Henri, dame dans le sens des romans de chevalerie. C'était la coutume qu'un jeune homme fasse le service à une dame avec l'accord de son mari, en retour, celle-ci devait l'édifier dans ses mœurs, lui apprendre la galanterie et l'obliger à ses devoirs. C'est le rôle attribué à Diane par le roi François Ier lui-même.

Par son ascendant sur le roi, Diane de Poitiers a-t-elle joué un rôle politique dans le gouvernement du royaume ? Les ambassadeurs étrangers semblent s’accorder sur l’emploi du temps de la journée d'Henri II, au début de son règne : après chacun de ses repas, le roi rendrait visite à sa favorite pour s’entretenir avec elle et lui rendre compte des affaires débattues le matin au conseil. Si le fait est plausible, rien ne permet aux historiens de savoir si Diane donnait son avis ou si elle influençait la politique royale.

Selon l'historiographie traditionnelle, elle aurait poussé le roi à réprimer les protestants, mais là encore, aucune source ne permet de le confirmer. Catholique convaincue, Diane fait partie des personnalités de l’entourage royal hostile au protestantisme au même titre que les Guises.

L'influence de Diane sur la politique royale est en revanche plus saisissable dans la distribution des charges de la cour puisque ses protégés accèdent à des postes importants comme son gendre, Robert de La Marck élevé au rang de maréchal de France et puis de duc de Bouillon. Les ambassadeurs et les notables du temps prennent l’habitude de lui être présenté et de prendre parfois conseille auprès d’elle dans leur relation avec le roi ; ce qui lui vaut le surnom de « plus que reine».

Mécène comme tous les grands de son époque, Diane de Poitiers a fait travailler plusieurs peintres et sculpteurs, comme Le Primatice ou Benvenuto Cellini. Ils l’ont parfois représentée sous les traits de la déesse chasseresse comme sur le tableau Diane de Poitiers en Diane (École de Fontainebleau - Musée de la vénerie de Senlis).

Sa contribution à l’architecture est bien connue, en particulier par les œuvres de Philibert de l'Orme qu’elle fit nommer surintendant des bâtiments royaux. Son œuvre la plus emblématique est le château d'Anet, aujourd'hui en grande partie détruit et que nous retrouverons également à Chenonceau.

Elle protégea aussi différents hommes de lettres comme Ronsard.

La journée du 30 juin 1559, marque la fin du temps de grâce de Diane de Poitiers.

Au cours d’une joute se déroulant devant l’hôtel de Sully (soit au niveau de l’actuel numéro 62), Henri II fut grièvement blessé d’un coup de lance accidentel infligé au roi par Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, capitaine de sa Garde écossaise. Transporté d’urgence à l’hôtel des Tournelles, le roi mourut dans d'atroces souffrances le10 juillet 1559.

Malgré les rancunes du passé, la reine Catherine ne manifeste à son égard aucune volonté de se venger, et décide de la laisser profiter des innombrables dons, biens et terres que son mari lui avait donnés. Lorsqu'à la fin de l'année 1559, elle cherche à récupérer le château de Chenonceau que Diane s'était accaparé après un procès rocambolesque, elle lui propose de l'échanger contre celui de Chaumont. Non seulement Diane n'est pas poursuivie en justice, mais cet échange constitue pour elle un important gain financier puisque les revenus de la terre de Chaumont sont presque trois fois supérieurs à ceux de Chenonceau.

A la fin de sa vie Diane de Poitiers se retire dans son château d’ Anet où elle meurt à l'âge de 66 ans.

Louise de Brézé fait alors ériger un monument avec la statue de sa mère dans l'église du village, qui sera transféré dans la chapelle sépulcrale du château en 1576. Mais le 18 juin 1795, lors de la Révolution, son sarcophage de marbre noir est profané et ses restes jetés dans la fosse commune de la ville.

En 2008, une équipe multidisciplinaire retrouve le squelette de la favorite (l'identification est fondée, notamment sur une fracture de jambe) et découvre que les os ont une concentration en or beaucoup plus élevée que la normale. En effet, Diane de Poitiers était si obsédée par le désir de préserver son étonnante jeunesse et l'éclat de sa beauté qu’elle aurait bu chaque jour comme élixir de longue vie une solution « d'or potable » qui lui aurait donné son teint extrêmement pâle…

Le 29 mai 2010, après 213 ans passés au cimetière communal, les restes de Diane de Poitiers sont de nouveau inhumés au château d’Anet où ils reposent aujourd’hui.

J'espère que vous me pardonnerez la longueur de cet article (que certains trouveront peut-être un peu long), mais je dois reconnaître que j'ai une certaine fascination pour cette personnalité de l'histoire aux multiples facettes... A très bientôt

"La plus que reine" :Diane de Poitiers
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J
bonjour, bel article. tout comme vous je suis devenu un passionné de Diane de Poitiers dont je cherche aujourd'hui à reconstituer l'histoire de sa baronnie à Sérignan dans le Comtat Venaissin. Il existe très peu de documents.
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P
...Juste un petit bug : <br /> Contrairement à ce qui a longtemps été dit, Diane n’est pas originaire du Poitou mais de Provence ; elle serait à Saint-Vallier-de-Provence <br /> elle serait née, non ?<br /> :)
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P
Hello, bravo pour votre article très bien tourné sur Diane de Poitiers <br /> Vous ne parlez pas de Diane la cavalière, dommage , je pense que c'était une partie importante de sa personnalité<br /> A Chenonceau, dit-on, elle avait fait construire le premier pont pour pouvoir aller galoper plus vite dans la forêt ..<br /> Merci pour ce bon moment avec vous et Diane
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D
Je te remercies de me le dire je vais aller voir ça de plus près, il paraît que la cérémonie de réinhumation a été très réussie. Ce devait être quelque chose!<br /> bonne journée
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P
Diane, un personnage dont j'ai approché &quot;de près&quot; l'histoire récente, étant présent lors des cérémonies de retour des reliques au château d'Anet....<br /> dans la catégorie &quot;châteaux&quot; de mon blog, j'ai quelques articles sur le château et les cérémonies...<br /> (dommage qu'on ne puisse pas mettre de lien ici)<br /> bonne journée
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