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A la découverte des châteaux de la Loire: histoire, architecture et jardin

A la découverte des châteaux de la Loire: histoire, architecture et jardin

Passionnée des châteaux de la Loire et de la Renaissance, j'ai décidé de vous raconter leur histoire, de vous en faire découvrir les méandres et pourquoi pas de vous donner aussi goût à un art moins connu de cette époque: l'art des jardins... Attachez vos ceintures nous remontons dans le temps :)


Le château de Chenonceau, une architecture du bord de l’eau (partie 1)

Publié par Diane sur 27 Octobre 2013, 15:49pm

Catégories : #architecture

L’histoire du château de Chenonceau commence semble-t-il au début du XIIIe siècle, sous l’égide de la famille des Marques (originaires de l’Auvergne ou des Marches). L’architecture du premier château ne nous est cependant pas connue. On sait en revanche qu’il fut détruit aux alentours de 1411 par le maréchal Boucicault en représailles à la trahison de Jean Marques qui avait livré sa forteresse aux anglais (cf. article précédent « une rêverie au fil de l’eau »).

Vingt ans plus tard, le fils de Jean Marques, Jean II obtient du roi Charles VII, en 1432, l’autorisation de reconstruire un château. Nous disposons encore une fois de très peu d’informations sur ce château médiéval. il semble cependant que ce second château devait être appuyé sur la rive du Cher et sur une plate-forme cernée sur trois côtés par des fossés d’eau vive communiquant avec la rivière. J.P. Babelon estime qu’au nord devait se trouver une basse-cours fortifiée qui assurait la défense du pont-levis menant au château. Le château comprenait par ailleurs un moulin-fort, installé sur deux piles de pierre qui constituera plus tard la base du château des Bohiers.

A la fin du XVe siècle, la famille Marques connaît un certain nombre de revers financiers qui l’obligent à vendre en détail sa seigneurie. Thomas Bohier, bourgeois récemment anobli (cf. article précédent « Thomas Bohier et Catherine Briçonnet) en profite pour acquérir dans l’ombre les morceaux du domaine qui lui permettent de devenir propriétaire de la seigneurie le 3 juin 1496 pour la somme de 7374 livres et 10 sols tournois.

Toutefois, une longue procédure judiciaire empêche Thomas Bohier et sa femme Catherine Briçonnet de prendre possession des terres jusqu’au mois de février 1513. C’est à cette époque que Bohier entreprend de réunir six des fiefs entourant le domaine de Chenonceau et d’en faire une châtellenie couvrant 1680 hectares. C’est également à cette époque que Bohier décide d’entreprendre des travaux pour son nouveau château.

Plutôt que d’aménager le château ancien, il prend le parti de le faire raser l’ancien château des Marques et n’en conserve qu’une tour (encore visible aujourd’hui et connue sous le nom de tour des Marques) ainsi que son puits dont les margelles portent encore l’écu des Marques : l’aigle bicéphale. Afin que ce symbole de la promotion sociale de l’ancien bourgeois tourangeau, devenu châtelain (par lettres patentes de Louis XII v. 1513) s’accorde parfaitement aux attentes nouvelles du propriétaire, l’ancienne tours des Marques sera retravaillée : on y sculpte les initiales TBK, initiales du propriétaire Thomas Bohier et de son épouse Catherine Briçonnet ; le couronnement est revu afin de mieux répondre aux canons de constructions du temps, le chemin de ronde supporté par de petites consoles tient lieu de mâchicoulis et une toiture conique, ainsi qu’une porte, des fenêtres et une lucarne ouvragée en pierre blanche sont incrustés dans le corps de maçonnerie ancien recouvert de mortier.

Le chantier du château neuf débute vers 1514 ou 1515, lors du séjour prolongé de Bohier en Touraine et s’achève à la fin de 1517 pour le gros œuvre (si l’on en croit la description donnée dans les lettres de François Ier du mois de décembre de cette année et le fait que la chapelle fut consacrée en 1518 par le beau-frère de Thomas Bohier, le cardinal Antoine Briçonnet, archevêque de Bourges). Quant aux travaux de décoration, ils se poursuivirent jusqu’en 1521, date portée sur la tribune de la chapelle, et 1522, date d’un marché de finition.

Le projet de Thomas Bohier pour son château neuf est totalement novateur ; il choisi d’asseoir sa construction sur les piles de l’ancien moulin-fort et d’utilisait la plate-forme cernée de fossés qui accueillait l’ancien château comme point d’accès au château neuf. Le château neuf surplombera ainsi le Cher auquel il est directement accoté. Bâti sur un plan massé, dessinant un carré presque parfait de 22 mètres sur 23 (hors œuvres et sans les tourelles), le château étonne par sa composition.

Construit sur un large soubassement assuré par les infrastructures de l’ancien moulin, le château repose sur une plate-forme rectangulaire occupée en majeure partie par le carré du château. On distingue à l’est et à l’ouest deux corps de logis oblongs, coiffés de hauts combles droits, et entre les deux, les galeries intérieures, couvertes d’un comble perpendiculaire. De hautes souches de cheminées animent ces combles, striées de moulures verticales qui dessinent ou tout au moins suggèrent des niches, coiffées de coquilles.

Le plan originel semble assez rigoureux. Chaque façade est partagée régulièrement en trois travées verticales de croisées encadrées de pilastres et coiffées de hautes lucarnes.

Chaque travée centrale est traitée avec une particulière insistance en augmentant la largeur des baies et l’élévation de la lucarne, celle-ci étant coiffée d’un édicule. Sous la naissance du toit court une haute frise formée de balustre.

En dessous, les doubles corps de moulures horizontales continues viennent croiser les verticales des travées. De hautes tourelles cylindriques appuyées sur des culots d’échauguettes aux nombreuses moulures, viennent animer les angles.

Ce thème, transposé à plus grande échelle, deviendra par la suite caractéristique de l’architecture du Val de Loire comme on le voit à Azay-le-Rideau.

A Chenonceau, les éléments en « porte-à-faux », dans la tradition du gothique flamboyant, tiennent une place insistante qui n’est semble-t-il pas due au hasard, puisqu’ils permettent de ménager des balcons partout où l’exige l’agrément de la vue. Ainsi, les balcons semi-circulaires en échauguettes sont-ils placés sur la façade d’entrée de chaque côté de la porte, tandis que d’autre augmentent à un niveau plus bas les parapets de la terrasse et du pont.

Une loggia couverte en anse de panier et garnie d’un balcon, dont la saillie oblongue s’achève par deux pans coupés, est disposée au centre de la façade ouest ; tandis qu’une autre, identique, ornée primitivement la façade sud. Ainsi, le corridor-galerie central s’achevait-il originellement par une porte-fenêtre qui lui donnait sa lumière et s’agrémentait d’un balcon au-dessus du Cher.

La plate-forme rectangulaire du moulin laissait à l’est un espace inoccupé à cause de la place à l’origine prévue pour la roue du moulin. Au-dessus des avant-becs pointus qui terminent les piles furent construits deux petits édifices réunis par une terrasse, deux constructions hors œuvre munies de leurs petites tourelles, l’une renfermant un escalier, dont la silhouette dentelée tranche avec l’ordonnance du château : d’un côté la chapelle, de l’autre un petit logis communiquant sur deux niveaux avec les appartements du seigneur et de sa femme et où l’on trouve au rez-de-chaussée le cabinet et la librairie de Thomas Bohier.

Si la conception et le décor sculpté des façades rattachent Chenonceau aux réalisations des premières années du XVIème siècle, le plan du château lui, s’en distingue par sa profonde originalité et combine harmonieusement régularité modulaire et commodité de l’usage. Cet aspect de la construction se traduit notamment par le long corridor-galerie voûté, large de 12 pieds et long de 68 (3,90 mètres x 22 mètres), traversant le bâtiment de part en part et desservant directement les pièces des appartements, deux fois plus larges que lui. A gauche prenaient places une salle et une chambre, à droite deux chambres. Accessible par la porte d’entrée de la façade, sous l’inscription honorant les souverains François Ier et Claude de France, le corridor-galerie se poursuit jusqu’à la façade postérieure et s’éclaire sur le Cher par une large baie vitrée donnant sur un balcon. La même disposition se reproduit à l’étage et dans les combles. Le confort des appartements est assuré également par la présence des tourelles qui procurent de commodes garde-robes et cabinets à chacune des pièces.

Cette nouveauté se conjugue avec l’innovation résidant dans la situation et la disposition de l’escalier. Accessible à mi-chemin à droite en passant par une porte, ce n’est pas un escalier en vis, si traditionnel en France (et que l’on retrouvera encore à Chambord), mais un escalier à volées droites rampe sur rampe qui fit son apparition à Bury notamment. Cet escalier adapté librement de la rampe italienne est surprenant. Non seulement, le retour à mi-étage est assuré par une demie-vis mais un espace est ménagé également entre la demie-vis et le mur de façade du château vers l’ouest, permettant un éclairage brillant par une croisée exceptionnellement large et haute, donnant sur le Cher.

Le plan du château de Chenonceau ne connaît aucun équivalent en France, mais sa typologie rappelle étrangement celle des palais sur l’eau de Venise. On sait en effet, que Thomas Bohier a entretenue une relation suivie avec le futur doge Andrea Gritti notamment dans le cadre de son activité de secrétaire des finances du roi en Italie.

Il ne paraît donc pas exclu que le général des finances ait pu s’informer auprès de son homologue vénitien de l’architecture des palais de son pays et même qu’il ait ramené des descriptions ou des plans de ces édifices bordant le Grand Canal et qui disposent d’un grand salone traversant l’édifice qui permet de jouir pleinement de la vue sur l’eau.

Le nom de l’architecte du château de Chenonceau ne nous est hélas pas parvenu, tout naturellement, les historiens ont prononcé les noms de grands maîtres d’œuvre qui ont travaillé à Amboise, Blois, Bury, Gaillon ou Chambord comme Colin Biart, Guillaume Senault ou encore Pierre Nepveu dit Trinqueau, tous trois originaires d’Amboise semble-t-il ; sans pour autant établir avec certitude l’identité de cet architecte de génie.

Thomas Bohier profita peu de Chenonceau après son achèvement puisqu’il passa ses dernières années en Italie. Catherine Briçonnet devait décéder deux ans après son époux en 1526, laissant le château à leur fils Antoine. Or un contrôle des comptes publics de peu postérieurs, mit en évidence des malversations et François Ier impose alors une forte amende à ses héritiers. Le roi réclame près de 190 000 livres tournois au fils de Thomas Bohier, et confisque le domaine en 1535. François Ier décède en 1547, et Chenonceau en tant que bien appartenant à la couronne et échoit à son fis Henri II.qui en fait don à sa maîtresse Diane de Poitiers…

Le château de Chenonceau, une architecture du bord de l’eau (partie 1)
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H
This post is really valuable that designed for the new visitors. Pleasing work, keep on writing.
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L
Bonsoir,<br /> un article extremement riche et complet bien qu'un peu long, je suis prof d'histoire et j'en prendrais note pour mes cours car je leurs parle de Chenonceau <br /> Merci beaucoup,<br /> Bien cordialement et bonne soiree<br /> Madame Bollenot
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R
BONJOUR<br /> MERCI POUR CET ARTICLE CLAIR ET RICHE ET PRECIS;<br /> Merci pour les photos QUI PERMETTENT DE BIEN VOIR L ENSEMBLE DE LA CONSTRUCTION.<br /> J'AIME BEAUCOUP.
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.
Un peu long ... mais un excellent article très intéressant.
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K
je le veux gratuitement.
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